Qui suis-je ?

Citations


"Lorsque [le gnostique] s'oriente vers la Mecque pour accomplir la prière rituelle, il voit que celui qui s'oriente est Dieu, et que celui vers qui il s'oriente est Dieu aussi. Lorsqu'il fait l'aumône, il voit que celui qui donne est Dieu, et que celui qui reçoit est Dieu aussi, ainsi qu'il est dit dans le verset (Cor. 9: 104) : "Ne savent-ils pas que c'est Dieu lui-même qui accepte le repentir de Ses serviteurs et qui prend les aumônes ?" Lorsqu'il récite le Coran, il voit que celui qui parle est Dieu, et que celui à qui il est parlé est Dieu aussi. Lorsqu'il écoute le Coran, il voit que la Parole est Dieu, et que l'auditeur est Dieu. Lorsqu'il regarde une chose quelconque, il voit que celui qui regarde est Dieu et que ce qui est regardé est Dieu." 
- Emir Abdelkader 

"Ah ! Est-ce moi ? Est-ce Toi ? Cela ferait deux dieux. 
Loin de moi, loin de moi la pensée d'affirmer "deux" !" 
- Al_ Hallaj 

"Comprends en quoi tu es Lui et en quoi tu es autre que Lui, l'âme de chaque individu est Dieu, mais l'homme a un esprit et un corps qui contiennent Dieu selon leur disposition."
- Ibn' Arabi 

"O Toi dont l'âme est la substance de toutes les âmes, O Toi qui donnes aux âmes des ailes et leur permets l'envol ! Avec Toi, quelles pertes pourrions-nous craindre ?" 
- Djalâl-ud-DinRûmi 

"Si tu dis que seule la Réalité divine se manifeste et que les créatures sont non manifestées, tu dis vrai. Si tu dis le contraire, tu dis vrai aussi. Et si tu confesses ta perplexité à ce sujet, tu dis vrai encore." 
Emir Abdelkader 

"Nul homme ne peut rien vous apprendre si ce n'est ce qui repose à demi endormi dans l'aube de votre 
 connaissance. "
- Khalil Gibran

"Agissez pour le monde terrestre commesi vous deviez vivre éternellement et agissez pour l'au-delà comme si vous alliez mourir demain. "
- Prophète Mouhammad


Mes origines

Je suis né dans une petite oasis du Sahara algérien, au sein d'une famille berbère, musulmane, pratiquante et très orthodoxe. Aussi, les notions de base de la religion musulmane m'avaient été inculquées très tôt, pratiquement avec le lait de ma mère. Comme par hasard (?) la maison où j'avais vu le jour était mitoyenne de la mosquée du village. Aussi, dès l'âge de cinq à six ans, j'avais pris l'habitude de regarder et de suivre, à partir de la terrasse de notre maison, les prières, les psalmodies du coran ainsi que les prêches des imams qui se déroulaient sur la terrasse de la mosquée voisine. 
Voyage spirituel, Religion, Islam, Soufisme, Dhikr, Latihan

L'école coranique

Dès l'âge de 6 ans, j'avais commencé à fréquenter l'école coranique, comme tous les enfants du village. Il s'agissait d'une école privée, gérée par la mosquée. On y apprenait le Coran par cœur, les bases de la religion musulmane, ainsi que la langue arabe. Cet enseignement religieux se faisait en parallèle avec l'enseignement de l'école publique, qui était française à l'époque.
Le programme de la journée était comme suit : 6h à 7h 30 : école coranique ; 8h à 11h : école publique française ; 13h 30 à 16h 30 : école publique française ; 17h à 18h 30 : école coranique. Je peux m'estimer heureux d'avoir pu fréquenter l'école publique car plus de la moitié des petits garçons de mon âge ne pouvaient pas y aller. Par ailleurs, aucune fille ne fréquentait l'école publique car, étant française, celle-ci était considérée comme une école de mécréants (kouffar) et pour les habitants du village, il était hors de question de confier l'éducation de leurs filles à des mécréants. 

Pratique religieuse obligatoire

A l'âge de neuf ans, j'avais rejoint mon père qui était un commerçant à Constantine. Là aussi, c'était pareil ; je continuais à fréquenter à la fois l'école coranique et l'école publique française. L'âge de la puberté avait été une étape importante dans ma vie. En effet, la puberté est considérée comme l'âge de la majorité religieuse. Avant la puberté, l'enfant musulman n'est pas responsable de ses actes devant Dieu ; autrement dit, ce sont les parents qui sont responsables des éventuelles fautes commises par leurs enfants impubères. Mais, à partir de la puberté l'enfant est considéré comme responsable de ses actes devant Dieu.
Sur le plan pratique, cela voulait dire pour moi : obligation de faire les cinq prières rituelles quotidiennes, obligation de faire le ramadan, interdiction de voir des femmes autres que celles de la famille la plus proche (mère, grands-mères, sœurs, tantes, épouse et belle mère). Le plus dur pour moi était de me lever tous les jours à l'aube pour faire la prière du matin ou encore jeûner du matin au soir. Au fond de moi-même, j'adhérais difficilement à ces obligations religieuses, mais il était hors de question de contester quoi que ce soit car dans mon milieu, c'était comme çà et pas autrement ; cela ne se discute pas. Et puis, j'avais trop peur d'aller en enfer si jamais je transgressais les prescriptions religieuses ; c'est ce qu'on m'avait inculqué depuis ma toute petite enfance. Il m'arrivait de temps en temps de sauter une prière et de ne pas la faire ; mais en faisant cela je ne me sentais pas du tout rassuré car j'avais trop peur du châtiment divin. Je suis resté à Constantine jusqu'en terminale. Plus les années passaient, plus j'avais du mal à être assidu dans la pratique religieuse.

Abandon de toute pratique religieuse

Après avoir eu mon Bac, je suis parti à Alger pour faire des études de médecine puis de chirurgie. Durant toute cette période, j'avais arrêté toute pratique religieuse. Cette attitude était probablement due à une réaction de rejet et de révolte par rapport aux contraintes religieuses que j'avais subies durant les années précédentes. A cette époque, les questions religieuses avaient perdu toute leur importance pour moi. Mais, malgré cela, je n'avais jamais douté de l'existence de Dieu. Les choses n'étaient pas claires pour moi, mais je ne ressentais pas le besoin d'approfondir le sujet.

Des questions ... toujours des questions

Une fois mes études terminées, je suis allé travailler à Ghardaïa, une oasis du sud algérien, tout près de mon village natal. Au bout de quelques années, je suis rentré dans une phase de ma vie où je me suis mis à me poser un tas de questions existentielles

J'avais alors commencé à faire une recherche tous azimuts en commençant d'abord par le Coran dans sa version originale en arabe. Je l'avais à nouveau lu et relu en totalité, en essayant de le comprendre par moi-même, sans me laisser influencer par les interprétations des savants musulmans. Je m'étais également documenté sur le christianisme, le judaïsme, la kabbale, le bouddhisme, l'hindouisme, le soufisme, etc. A cette époque je n'étais sûr que d'une seule chose, à savoir l'existence d'une Intelligence Supérieure qui régit ce monde ainsi que l'univers. Mais à côté de cette certitude vis-à-vis de l'existence de Dieu, je ne pouvais plus adhérer totalement avec la religion musulmane, ni avec les autres d'ailleurs, car je ressentais en elles de profondes incohérences. Ma croyance en Dieu me provenait de deux sources différentes : 

une source intellectuelle et rationnelle : il me paraissait en effet totalement aberrant que l'univers existe... Par hasard, que l'homme soit là... Par hasard, que tout cela n'ait aucune signification... Aucune origine intelligente... Aucun objectif. Il me paraissait totalement illogique que l'être humain naisse sur cette planète, souffre parfois le martyr, fasse un tas de projets dont certains sont réalisés et d'autres pas, puis disparaisse sans qu'il y ait aucune suite à cela. Il me paraissait injuste que certains êtres humains aient tout ce qu'ils veulent (ou presque) sur cette terre alors que d'autres soient privés de tout et passent une vie de souffrance depuis le jour de leur naissance jusqu'au jour de leur mort. Il me paraissait injuste que certains êtres humains fassent beaucoup de mal aux autres et s'en tirent à bon compte en échappant à la justice humaine (soit parce qu'ils ne sont pas démasqués, soit parce qu'ils sont tellement puissants qu'on ne peut rien faire contre eux). Si c'est le hasard qui a voulu ça, alors le hasard est injuste.

une source profonde et subjective : je crois en Dieu parce que « quelque chose » au fin fond de moi-même, quelque chose de l'ordre de l'intuition ou du sixième sens me dit et m'affirme que Dieu existe bel et bien et que la vie des êtres humains n'a pas commencé le jour de leur naissance et ne se terminera pas le jour de leur mort. 


Reconciliation avec Dieu

Dans les milieux ésotériques, on dit : « Lorsque le disciple est prêt, le Maître apparaît ». Ainsi, après de nombreuses années de recherches et de questionnement, je finis par trouver le Maître spirituel qui me convenait. Il s'agissait d'un Maître indonésien du nom de Muhammad Subuh Surnohadiwidjojo, plus connu sous le nom de Bapak, qui veut dire père en Indonésien. Je peux dire qu'il a été pour moi un véritable père spirituel et il l'est toujours bien qu'il soit mort depuis 1987. 

Plus qu'un enseignement spirituel, Bapak m'avait surtout apporté une pratique spirituelle et une manière d'adorer Dieu tout à fait inédite, à la fois ancienne et nouvelle ; pratique appelée en indonésien « Latihan kedjiwaan », ce qui veut dire tout simplement Entraînement ou Exercice spirituel. Le principe de cet exercice est très simple ; il consiste à se mettre en contact avec l’Énergie divine et à La laisser travailler en nous. En fait, il s'agit d'adorer Dieu, non pas en suivant les prescriptions de tel Prophète ou de tel Maître, mais en suivant directement la guidée du Pouvoir de Dieu, laquelle est à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de chacun d'entre nous. 

La pratique du Latihan kedjiwaan m'avait alors non seulement réconcilié avec Dieu d'une manière solide et définitive, mais elle m'avait également réconcilié avec la religion musulmane, ma religion initiale et celle de mes ancêtres. Cependant, ma compréhension de cette religion avait complètement changé et ne correspondait plus à celle qu'on m'avait inculquée à l'école coranique. Ma compréhension de la religion musulmane était en fait devenue plus intérieure et ésotérique. 

Nouveau départ

Après quelques années de pratique spirituelle du Latihan, j'avais commencé à percevoir la vie et le monde sous un autre angle, beaucoup plus large que le premier. En plus d'une sensation de bonheur et de sérénité qui se sont emparés de moi, l'un des premiers résultats tangibles que j'avais obtenu était le fait de devenir tolérant envers toutes les autres religions et toutes les autres croyances. Je ne voyais plus de différence entre les uns et les autres et ce que je percevais le plus à travers chaque individu, c'était l'étincelle divine qui est enfouie en lui. 

Plus que cela, ma vie familiale, professionnelle et sociale prit une autre dimension et une autre orientation totalement imprévues. Ce qui m'amena à changer beaucoup de choses dans ma vie, dont le phénomène le plus apparent est celui de changer de pays, quittant ainsi mon pays natal pour m'installer en France. Ce fut le début d'une nouvelle vie et de nouvelles découvertes ... 







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